Pour réussir à peu près tout dans la vie, nous avons besoin de ramener notre attention sur ce que nous faisons. Les personnes les plus productives ou créatives dans tous les domaines — athlètes, acteurs, gens d’affaires, scientifiques, écrivains — partagent toutes la faculté de faire barrage à toute distraction et de s’immerger totalement dans leur tâche.

Certaines personnes ont une faculté de concentration quasiment innée, mais pour la plupart d’entre nous, elle doit être travaillée. Plusieurs traditions comparent l’esprit à un singe qui parle sans cesse, sautant de branche en branche, comme d’un sujet à un autre (monkey mind). Avez-vous déjà remarqué que, la plupart du temps, vous n’aviez pas un grand contrôle de certains caprices de votre esprit. La méditation et la pratique du yoga permettent d’apaiser une attention dissipée en la rendant focalisée plutôt que distraite et dispersée.

Dans un grand nombre de traditions, la concentration est enseignée comme la pratique fondamentale de la méditation. Dans la pratique du yoga, la concentration est également à la base de la pratique. Par exemple, lorsque le professeur vous donne des instructions très précises d’alignement ce ne sont pas des instructions qui doivent être exécutées à la perfection, mais plutôt un outil de concentration pour pouvoir atteindre ce que l’on appelle l’état d’absorption ou Samâdhi. Dans cet état, le sentiment d’être un « Moi » séparé disparaît pour ne laisser place qu’à l’objet d’attention. Pas besoin d’être un méditant ou un yogi expérimenté pour avoir fait l’expérience de cet état ; vous avez certainement connu des moments d’absorption totale en contemplant un coucher de soleil, en écoutant de la musique ou en regardant un bon film. Par exemple, lorsque vous êtes totalement impliqué dans une activité, que le temps s’arrête et que l’esprit ne voyage pas d’une pensée l’autre comme un singe, vous faites l’expérience de Samâdhi.

Différence entre concentration et attention

Alors que la concentration calme l’esprit, l’attention repousse les frontières de la pensée, créant un espace intérieur plus vaste qui permet de nous familiariser avec le contenu de l’esprit. À l’inverse de la concentration qui fait obstacle aux stimuli extérieurs pour éviter toute distraction, l’attention accueille et intègre toutes les expériences qui surviennent. Dans la plupart des méditations et dans la pratique des asanas, on retrouve une interaction entre la concentration et l’attention. Cependant, la concentration constitue souvent la première étape. Un esprit suffisamment calme et immobile pour ne pas être emporté par un déluge de sentiments et de pensées hors propos dès qu’il s’ouvre est une base solide pour la pratique de la méditation et du yoga.

Lorsqu’on développe la concentration et une capacité à être attentif, il est possible d’avoir accès à une vision plus pénétrante de ce que sont nos expériences. Il est alors possible d’utiliser cette faculté qui grandit pour comprendre quels sont nos manies, nos conditionnements et les constructions que nous nous faisons à propos de notre vie et de celle des autres. De cette façon, ce sont des outils pour nous aider à faire face au monde tel qu’il est sans avoir à traîner le fardeau de nos conditionnements.